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2006 création du HUB (VIADEO) *21ème Siècle-'ECOLOGIE & INNOVATION': DEVELOPPEMENT DURABLE DU XXIe siècle!2.0* Think Tank International : + de 3000 membres. *Morgane BRAVO Avocat de formation, études & expérience Diplomatique, Sciences Politiques... « Euroblogeur »...2002 en France : Candidate (titulaire) aux élections Législatives, dans la 14ème Circonscription de Paris. 16e arrondissement (Sud). Fondatrice *Morgane BRAVO, from Paris, France. She's graduate Lawyer and have a Master’s degree in Diplomacy & Political Science...Diplomatic experience.

samedi 5 décembre 2009

***La région MENA est l'une des premières productrices de pétrole et de gaz naturel. ..OCDE***


***La région MENA est l'une des premières productrices de pétrole et de gaz naturel. Deviendra-t-elle aussi un réservoir mondial d'énergies renouvelables ? C'est possible, à condition de réaliser certains investissements majeurs.

À travers les âges, les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient se sont illustrés par leur génie bâtisseur. Des systèmes d'irrigation mésopotamiens à la Grande pyramide d'Égypte, les réalisations extraordinaires sont légion. Mais saviez-vous que la première chaudière solaire sous pression a été construite non loin du Caire, en 1914 ? Un siècle après, l'énergie solaire pourrait bien permettre à la région d'accomplir de nouveaux exploits, cette fois-ci en termes d'énergie renouvelable.

L'époque y est favorable. La production énergétique est aujourd'hui un enjeu majeur pour la région, avec une augmentation massive prévisible de la demande dans les 40 prochaines années. Mais l'omniprésence du soleil et du vent dans la région MENA offre également à celle-ci une précieuse opportunité de production énergétique.

D'après les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), organisation affiliée à l'OCDE, la demande d'électricité va doubler d'ici 2050 dans plusieurs pays MENA. Il est inconcevable de tabler sur les énergies fossiles pour satisfaire cette demande. Plusieurs pays MENA ne sont pas producteurs de pétrole et doivent trouver d'autres moyens d'assurer leur sécurité énergétique. Même dans les pays pétroliers, les subventions en faveur des énergies fossiles conduisent à d'importants gaspillages. De plus, les énergies fossiles sont l'une des causes principales du changement climatique. Ainsi, pour assurer leur propre sécurité énergétique, les pays du MENA, au lieu de compter uniquement sur leurs ressources en combustibles fossiles, doivent chercher à les combiner avec des sources d'énergie renouvelables.

Aujourd'hui, moins de 0,3 % de la capacité électrique des pays MENA provient de sources renouvelables. Ce chiffre est d'environ 30 % en Suède, par exemple, essentiellement grâce à l'hydroélectricité et à la biomasse. En Espagne, environ 10 % de l'énergie totale est issue de sources renouvelables, dont un cinquième d'origine éolienne et un cinquième d'origine hydroélectrique.

Le potentiel d'expansion et de retombées positives est donc considérable. Les pays non pétroliers, comme le Maroc, réduiraient fortement leur dépendance énergétique s'ils développaient leurs capacités solaires et éoliennes, et les pays pétroliers pourraient mieux gérer leurs réserves en énergies fossiles, qui ne sont pas inépuisables.

Investir dans les énergies renouvelables aurait aussi un impact positif sur le capital humain. D'après l'AIE, la construction d'une centrale solaire à concentration permet de créer huit à dix emplois par mégawatt de capacité électrique. Construire des centrales électriques solaires développe les compétences et le savoirfaire dans un certain nombre de spécialités : miroirs, récepteurs thermiques, turbines. Un seul gigawatt produirait non seulement de l'énergie, mais aussi des milliers d'emplois qualifiés, avec davantage de scientifiques et d'ingénieurs locaux de haut niveau, c'est-à-dire une injection de compétences et d'emplois à forte valeur ajoutée dans l'économie de la région.

Mais c'est surtout pour des raisons environnementales qu'il est indispensable et urgent d'investir dans les énergies renouvelables. Aujourd'hui, dans les pays MENA, l'électricité est produite à partir de combustibles fossiles, et elle y est responsable de 28 % des émissions de gaz à effet de serre. D'après une étude de DLR, le Centre aérospatial allemand, si l'on ne diversifie pas le bouquet énergétique, les émissions de CO2 de la région MENA, actuellement à 770 millions de tonnes par an, pourraient presque tripler dans les 30 prochaines années. En développant les énergies solaire et éolienne, on ralentirait l'accroissement des émissions de CO2 et, en abaissant en outre les émissions dues aux transports, on parviendrait peut-être à réduire effectivement l'ensemble des émissions.

Dans la région MENA, l'énergie solaire est la source d'énergie renouvelable la plus accessible. Dans les zones désertiques, l'énergie solaire est deux fois plus importante qu'à Paris, par exemple. Dans les pays MENA, le rayonnement normal direct-indicateur utilisé pour mesurer l'énergie du soleil-s'élève en moyenne à plus de 1 800 kWh/m2 par an, soit assez pour envisager une production solaire par concentration et largement assez pour une production photovoltaïque classique.

En climat tempéré, la production d'énergie solaire nécessite des surfaces importantes. Pas en milieu désertique : par exemple, 15 000 km2 (soit environ la moitié du désert du Nevada) suffiraient à couvrir l'ensemble des besoins des États-Unis. Dans la région MENA, en zone désertique, un parc solaire de la surface du lac Nasser (environ 5 000 km2) pourrait fournir une énergie équivalente à la production annuelle de pétrole de tout le Moyen-Orient. Ambitieux , certes, mais est-ce réalisable ?

Pour l'instant, la production d'énergie solaire dans la région est irrégulière. La société émiratie Masdar, filiale de Mubadala Development Company, qui appartient à l'État d'Abu Dhabi, fait oeuvre de pionnier, en développant une centrale à énergie solaire à concentration de 100 MW appelée SHAMS 1. Comme toutes les sources de ce type, elle est certifiée conforme au Mécanisme de développement propre promu par le protocole de Kyoto, donnant ainsi droit à des crédits d'émissions échangeables. Cette société a même conçu une ville à zéro émission et créé un Institut des énergies renouvelables.

L'Égypte, l'Algérie et le Maroc développent des centrales thermo-solaires intégrées à cycle combiné permettant d'économiser des carburants fossiles . Ain Beni Mathar, au Maroc, produit 20 MW d'énergie solaire, contribuant à un projet d'une capacité totale de 470 MW ; en Algérie, le projet Hassi R'Mel a une capacité de 150 MW, dont 35 MW solaires, et en Égypte, la centrale de Kuramyat produit 30 MW d'énergie solaire sur une capacité totale de 150 MW.Bref, le rayonnement solaire est la plus grande source d'énergie potentielle de la région MENA, qui pourrait devenir un fournisseur mondial d'énergie solaire.

Un vent nouveau
Mais l'énergie solaire n'est pas le seul avantage comparatif des pays MENA. Les pays du Golfe, l'Égypte et le Maroc connaissent régulièrement des vents d'une vitesse de 8-11m/s. La capacité potentielle de l'Égypte en énergie éolienne est estimée à 20 000 MW et celle du Maroc à 6 000 MW (voir « Éolien marocain »).

D'ailleurs, ces deux pays investissent déjà dans l'éolien. Le Maroc dispose de quatre sites d'une capacité totale de 1 000 MW, l'Égypte prévoit de produire 2 000 MW d'ici à 2010, et son projet Zafarana, qui devrait produire environ 300 GWh/a, pourrait servir d'exemple pour l'ensemble de la région. L'Égypte s'est en outre fixée un objectif ambitieux : 12 % de son électricité devra être d'origine éolienne d'ici 2020. La Tunisie possède quatre sites éoliens d'une capacité totale de 120 MW, et la Jordanie un site de 40 MW.

L'abondance du soleil et du vent n'est pas le seul attrait de la région pour les investisseurs. Elle se distingue aussi par ses faibles coûts de production. L'électricité issue du solaire à concentration dans les pays du MENA coûte environ 25 % moins cher qu'en Espagne, par exemple, et cet écart devrait continuer à s'accroître pendant quelques temps, selon l'AIE.

Il existe aussi deux projets de collaboration entre pays d'Europe et pays du MENA. Le premier, créé par la Fondation Desertec basée à Berlin, associe douze entreprises, dont neuf allemandes et une algérienne, pour construire des centrales solaires et une infrastructure de transport pour fournir de l'énergie solaire au MENA et à l'Europe. Ce projet de 400 milliards d'euros devrait, d'ici 2050, couvrir 15 % de la demande d'électricité européenne, à partir de 20 sites répartis dans la région MENA.

L'autre projet, le Plan solaire méditerranéen (PSM), consiste à associer les technologies européennes d'énergies renouvelables avec les ressources du MENA dans ce domaine. L'Europe investira pour construire des centrales et rachètera une partie de leur production. Le PSM devrait aider l'Europe à atteindre son objectif de produire 20 % de son énergie à partir de ressources renouvelables à l'horizon 2020. Le PSM vise une capacité de 20 000 MW à cette échéance, essentiellement grâce au solaire, pour un investissement d'au moins 60 milliards d'euros. Quelque 70 propositions de projets pilotes ont déjà été soumises.

Des obstacles bien connus
Ces projets d'énergies renouvelables ne sont pas toujours applaudis. D'aucuns y voient une forme de colonialisme énergétique : selon eux, l'Europe pourrait développer des énergies renouvelables moins chères, éoliennes, hydroélectriques ou utilisant la biomasse, sur son propre territoire.

Un autre obstacle à surmonter, tant pour le Plan solaire méditerranéen que pour le projet Desertec, est la mise en place du réseau d'acheminement de l'électricité du MENA jusqu'en Europe. Les réseaux actuels qui relient l'Espagne à l'Algérie et au Maroc n'ont qu'une capacité de 600 MW, très en-deçà des objectifs. La difficulté n'est pas vraiment technique, c'est surtout l'investissement qui fait défaut.

L'AIE estime que l'investissement nécessaire par mégawatt produit varie entre 4 200 et 8 400 dollars pour les parcs à énergie solaire concentrée ; ce coût varie en fonction de différents paramètres : coût de la maind'oeuvre, du foncier, technologies, qualité des ressources solaires, taille des systèmes de stockage et des surfaces de captage solaire ; en général, plus le stockage nécessaire est important, plus les coûts sont élevés.

Pour le Plan méditerranéen solaire comme pour le projet Desertec, les programmes de fi nancement publics devront également mobiliser le secteur privé, notamment par des crédits d'impôt en faveur des investissements, et en vendant des certifi cats de réduction d'émissions conformément au Mécanisme de développement propre de Kyoto.

La Banque mondiale entend jouer un rôle à travers son Fonds pour les technologies propres. D'un montant de 5 milliards de dollars, ce mécanisme est supervisé par un Comité exécutif de 16 membres, qui comprend des représentants de l'Égypte et du Maroc. Un plan d'investissement régional sera formulé dans le cadre de ce fonds, l'objectif étant d'attirer 750 millions de dollars d'investissements pour soutenir le Plan solaire méditerranéen.

Ces initiatives illustrent le potentiel de la région MENA en tant que fournisseur majeur d'énergies renouvelables. Si les obstacles peuvent être surmontés, cette région pourrait manifester son excellence dans un domaine de plus. MF

L'Observateur de l'OCDE n° 275,
novembre 2009

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