Finalement, l’incidence de ces émissions de CO2 sur la planète est le réchauffement climatique. À ce rythme, le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) a estimé, en 2007, un réchauffement global de +3°C d’ici la fin du XXIe siècle, ce qui entraînerait de graves impacts écologiques, sociaux et économiques.
Le développement durable : peut-on parler de tendance d’aujourd’hui ?
Afin de contenir ces éventuelles catastrophes, il nous faut impérativement revenir à un niveau acceptable pour la planète, soit diviser par deux nos émissions équivalentes Carbone au niveau mondial. Concrètement, reporté à la population actuelle, cela "autorise" une émission de 500kg équivalents Carbone par habitant. Aujourd’hui, si un indien n’émet "que" 300 kg, un français, lui, en émet 2,5 tonnes, un européen 3,2 tonnes et un américain 6,8 tonnes.
En conséquence de ce constat, en France, le Grenelle de l’Environnement de 2007 a inscrit pour objectif de diviser par quatre nos émissions équivalentes Carbone d’ici 2050. Cette tâche revient à réduire, d’ici cette date, nos émissions de 75%, ce qui peut paraître irréalisable. Néanmoins, cela ne représente qu’une diminution d’à peu près 3% par an.
Malheureusement, malgré l’objectif du Grenelle, le réchauffement climatique est déjà une réalité, avec +0,6°C depuis les années 1900. Si des actions ne sont pas fortement engagées avant 2020, il sera alors impossible de limiter le réchauffement climatique à +2°C. En résumé, plus la population tardera à réagir, plus le prix à payer sera élevé.
Il ne s’agit donc pas d’un simple effet de mode, mais bien d’un constat alarmant qu’il faut prendre très rapidement en compte. Néanmoins, cette réflexion s’applique aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises.
Le développement durable : véritable modèle économique ?
Une question se pose alors : peut-on imaginer un modèle économique durable ? L’étude réalisée par Mckinsey & Company en 2009 démontre clairement que le potentiel de réduction d’émissions de CO2 est grand. Cette même étude estime le coût de maintien du réchauffement climatique en dessous de 2°C à 1% du PIB mondial, si des actions sont rapidement menées dans les différents secteurs.
C’est donc financièrement encore possible, à ce jour, de concevoir un modèle économique durable. Cependant, la pleine réalisation de ce potentiel d’économies CO2 représente une tâche gigantesque qui ne dépend pas exclusivement du financement, mais aussi de la mise en œuvre de nouvelles politiques. En effet, d’une part, des changements à la régulation économique et la modification des normes et standards dans plusieurs secteurs doivent être opérés. D’autre part, une coordination des politiques et des actions nationales et internationales, ainsi qu’un transfert de technologie et une aide au financement des projets dans les pays en développement doivent être lancés. Parallèlement, des mesures de surveillance et de conformité doivent être mises en place.
Ramenées à notre périmètre quotidien, toutes ces actions peuvent sembler hors de portée, hormis le poids d’un vote politique ou d’un engagement affirmé. Néanmoins, chacun peut se poser en valeur d’exemple, à titre personnel ou au travers de son entreprise. Les bonnes pratiques à adopter pour notre quotidien sont largement communiquées, et la population y est de plus en plus sensible. En revanche, en dehors des actions de compensation Carbone, les exemples d’entreprises visant à réduire leurs propres émissions sont beaucoup plus rares.
En effet, combien d’entreprises ont réalisé leur Bilan Carbone® pour cibler les actions prioritaires de réduction d’émission équivalente CO2 ? Combien d’entreprises ont établi leur plan d’action, budgété les ressources nécessaires ou encore formalisé leur objectif ? L’erreur vient probablement du fait que, en ces temps de crise, la prise en compte de ces sujets n’est pas forcément favorisée.
Effectivement, bien que l’urgence se fasse, les entreprises n’ont aujourd’hui pas les clés en main : en dehors des obligations pour les entreprises de plus de 500 salariés sur les émissions de CO2, peu d’exigences sont imposées réglementairement. D’un côté les PME se sentent peu impliquées, de l’autre côté de nombreuses entreprises font du développement durable un message de communication, sans véritables actions concrètes. C’est ce que l’on appelle le greenwashing.
Finalement, faire du développement durable le modèle économique de son entreprise dépend uniquement de la volonté et de l’implication de la Direction. Dans tous les cas, les entreprises qui n’auront pas su réduire leur dépendance aux énergies fossiles seront plus fragiles à terme… L’équation est posée. C’est à ce titre que nous pourrons relever ce défi du XXIe siècle. Mais avons-nous vraiment le choix ?