***Yukiya Amano a été choisi pour succéder à l'Égyptien ElBaradei à la tête de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) après six tours de scrutin, avec le soutien de Paris et de Washington.
La diplomatie japonaise a remporté une importante victoire, jeudi à Vienne, en obtenant à l'arraché la direction générale de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L'ambassadeur Yukiya Amano, âgé de 62 ans, a été élu pour quatre ans : il succède à l'Égyptien Mohammed ElBaradei, qui quittera son poste le 30 novembre prochain après douze années à la tête de l'agence atomique.
À l'issue d'une procédure interminable ayant requis pas moins de six tours de scrutin, il a obtenu une majorité des deux tiers, soit 23 votes sur 34 suffrages exprimés, à la faveur d'une abstention de dernière minute parmi les trente-cinq États membres représentés au conseil des gouverneurs, l'organe exécutif de l'agence.
Vieux routier des négociations sur le désarmement à Genève et sur la prolifération nucléaire à Vienne, où il était en poste depuis 2005, Amano se trouvait au coude-à-coude avec son principal concurrent, l'ambassadeur sud-africain Abdul Samad Minty, qui a obtenu 11 voix lors du décompte final. Trois autres candidats, slovène, belge et espagnol, avaient précédemment jeté l'éponge. D'après des sources concordantes, la Russie aurait longtemps semé le trouble dans la campagne, affichant une hostilité à peine voilée à l'égard du Japonais, jugé trop servile vis-à-vis de Washington.
Ancien militant antiapartheid de l'ANC, Minty défendait quant à lui les couleurs des puissances émergentes, Inde, Brésil et Iran en tête, regroupées au sein du mouvement des «non-alignés» qui martèlent le «droit souverain» de tous les pays «à enrichir librement l'uranium».
Menace nord-coréenne au large des côtes japonaises
Dans les couloirs de l'AIEA, les diplomates reconnaissaient jeudi que Yukiya Amano a mené une campagne impressionnante. Il n'a pas ménagé ses efforts pour être élu, bénéficiant du soutien total des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne. Ces derniers mois, le premier ministre japonais, Taro Aso, aurait lui-même fréquemment décroché son téléphone pour convaincre ses interlocuteurs les plus sceptiques du bien-fondé de la candidature d'Amano.
Seconde puissance économique mondiale, le Japon lorgnait depuis de longues années la direction générale de l'AIEA, invoquant le triste honneur d'avoir été le seul pays au monde à subir une attaque nucléaire (contre les villes d'Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945) ainsi que sa contribution au budget de l'agence à hauteur de 20 %, la deuxième en importance après les États-Unis (25 %). Tokyo, qui entretient un vaste programme nucléaire civil mais a toujours bénéficié du «parapluie nucléaire» américain, s'inquiète de la menace nucléaire nord-coréenne croissante à proximité de ses côtes.
La tâche s'annonce ardue pour Yukiya Amano, qui sera intronisé lors de la conférence générale annuelle de l'AIEA, du 14 au 18 septembre prochain à Vienne. Sollicitée sur tous les fronts, garante à la fois de la lutte antiprolifération et du développement pacifique de l'atome, l'agence atomique désespère d'obtenir des crédits supplémentaires de la part de ses États membres pour faire face à la multiplication de ses missions.
Maurin Picard, à Vienne
Le Figaro
02/07/2009
vendredi 3 juillet 2009
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