M. Pierre Arcand, Ministre du Développement durable, de l'Environnement, et des Parcs - député provincial de Mont-Royal.
Le gouvernement du Québec a annoncé jeudi qu'il emboîtait le pas à la Californie en lançant une Bourse du carbone dans la province en 2012, malgré le retrait du Canada du Protocole de Kyoto.
Le Québec devient ainsi la première des dix provinces canadiennes à adopter un règlement pour établir un système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre (GES), a annoncé le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand.
La première année de ce marché des émissions de GES en sera une de transition afin de permettre aux émetteurs de se familiariser avec le fonctionnement du système, qui deviendra obligatoire en 2013 pour toutes les industries produisant plus de 25.000 tonnes de GES par année, a-t-il dit.
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Le Québec se place ainsi officiellement sur la ligne de départ, aux côtés de la Californie", a indiqué le ministère québécois de l'Environnement dans un communiqué, faisant allusion au lancement d'un marché similaire en 2012 dans cet Etat américain le plus peuplé.
A partir de 2015, les entreprises qui importent ou distribuent au Québec des carburants ou combustibles utilisés dans les secteurs du transport et du bâtiment seront également assujettis au plafonnement et à la réduction de leurs émissions.
Deuxième province la plus peuplée du Canada avec ses huit millions d'habitants, le Québec s'est donné pour objectif de réduire ses émissions de GES de 20% d'ici 2020 par rapport à 1990.
Le règlement adopté par la province est basé sur les règles établies par la Western Climate Initiative (WCI), qui réunit la Californie et quatre provinces canadiennes (Québec, Ontario, Colombie-Britannique et Manitoba).
Six autres Etats américains (Arizona, Nouveau-Mexique, Oregon, Washington, Utah et Montana) associés à la WCI ont refusé de mettre en place un marché du carbone.
Le Canada est devenu lundi le premier Etat à se retirer du Protocole de Kyoto, affirmant qu'il cherchait ainsi à éviter d'avoir à payer des pénalités de 14 milliards de dollars canadiens (13,6 mds USD).
Le ministre québécois a dénoncé la position "
épouvantable" du Canada dans ce dossier. "Ce qui me révolte", a-t-il dit sur Radio-Canada, "
c'est que le Canada a depuis maintenant nombre d'années sur ces questions, une position copie carbone de la position américaine. Et pour moi, c'est inacceptable".
Plusieurs associations écologistes ont salué la décision du Québec, pendant que les milieux économiques de la province francophone exprimaient leur inquiétude ou leur désaccord, à l'instar de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), qui représente 60.000 entreprises.
"Pour que ce projet ne nuise pas à la compétitivité des entreprises québécoises, il faudrait que plusieurs administrations, avec qui le Québec est en compétition, fassent la même chose, ce qui n'est pas le cas actuellement", a déclaré la présidente de la FCCQ, Françoise Bertrand.
Elle a notamment souligné le fait que les principaux partenaires commerciaux américains du Québec, les six Etats de la Nouvelle-Angleterre (nord-est), n'étaient pas signataires du WCI, et que l'Ontario "reculait sur l'entrée en vigueur" d'une telle Bourse.
MONTREAL - (AFP)