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2006 création du HUB (VIADEO) *21ème Siècle-'ECOLOGIE & INNOVATION': DEVELOPPEMENT DURABLE DU XXIe siècle!2.0* Think Tank International : + de 3000 membres. *Morgane BRAVO Avocat de formation, études & expérience Diplomatique, Sciences Politiques... « Euroblogeur »...2002 en France : Candidate (titulaire) aux élections Législatives, dans la 14ème Circonscription de Paris. 16e arrondissement (Sud). Fondatrice *Morgane BRAVO, from Paris, France. She's graduate Lawyer and have a Master’s degree in Diplomacy & Political Science...Diplomatic experience.

lundi 5 janvier 2009

*Groenland : le développement au détriment du climat*

***Une réalisation titanesque d'environ 3 milliards d'euros d'investissement, qui nécessitera le travail de 5 000 ouvriers, sans doute polonais et chinois, pour le chantier, sur une île qui ne compte que 56 000 habitants. Mais un autre défi est bien plus pressant, et délicat : avec cette usine, le Groenland, aujourd'hui dans le camp des victimes du réchauffement climatique (fonte de la calotte et des glaciers, bouleversement de la culture traditionnelle inuit), rejoindra celui des pollueurs. "Nous allons devenir une partie du problème. Je préférerais que l'on soit une partie de la solution", lance Aqqaluk Lynge, président groenlandais du Conseil circumpolaire inuit.

RÊVES D'INDÉPENDANCE

Le Danemark, qui accueillera dans un an la conférence de l'après-Kyoto, COP 15, est embarrassé. Lors de la signature du protocole de Kyoto, le Danemark, qui devait baisser ses rejets de 21 %, avait négocié un accord spécial pour le Groenland, de 8 % seulement. "Nous leur reconnaissons le droit de se développer. Pour la suite, ce n'est pas à nous de leur dire ce qu'ils doivent faire", souligne Tore Keller, porte-parole du ministère danois du climat. Les Danois attendent maintenant le plan climat que doit présenter le Groenland dans les semaines à venir.

Ancienne députée, Ellen Christoffersen, aujourd'hui porte-parole de Greenland Development, agence du gouvernement autonome groenlandais qui coordonne les négociations avec Alcoa, admet que la question est difficile : "Je suis contente de ne plus être députée et de ne pas avoir à voter là-dessus." La production d'aluminium est très polluante et la discussion a, jusqu'à présent, surtout montré les lacunes du Groenland. Alors que le pays vient de voter, le 25 novembre 2008, en faveur d'une autonomie élargie vis-à-vis du Danemark, il ne dispose toujours d'aucune stratégie climatique. Dès aujourd'hui, "le Groenland n'arrive pas à respecter la baisse de 8 % de ses rejets de gaz à effet de serre", note le journal Sermitsiaq. La tâche se compliquera encore si les rêves groenlandais se concrétisent. "L'usine d'aluminium, à elle seule, augmenterait de 75 % les rejets groenlandais de gaz à effet de serre", ajoute le journal.

"C'est vrai, concède Per Berthelsen, ministre groenlandais des finances et des affaires étrangères. Mais l'industrie de la pêche, qui représente 90 % de nos exportations, est vulnérable à cause du changement climatique. Il faut que l'on trouve des sources de revenus à terre. C'est pour cela que l'on attend beaucoup d'Alcoa. Si cela marche, les revenus fiscaux s'élèveront à 200 millions de couronnes (27 millions d'euros) par an dès 2011." Une manne importante pour financer les rêves d'indépendance du Groenland. "Il faut voir cette production d'aluminium d'un point de vue global, note Kaj Kleist, directeur de cabinet du premier ministre groenlandais. Ailleurs dans le monde, ils choisissent du charbon ou du gaz naturel pour produire de l'aluminium, ici au moins, on utilisera une énergie verte avec deux usines hydroélectriques pour produire cet aluminium." Ce qui, selon lui, produirait huit à neuf fois moins de gaz à effet de serre que les usines alimentées au charbon, comme en Chine, ou au gaz naturel comme au Moyen-Orient. "Même si l'on augmente le niveau de rejets de gaz carbonique localement, poursuit M. Kleist, on aide le monde avec cet aluminium qui est demandé."

Kim Kielsen, ministre groenlandais des ressources, est tout aussi décidé : "Nous devons pouvoir nous développer." Selon lui, les contraintes climatiques ne doivent pas être un frein pour le Groenland.

Olivier Truc
Article paru dans l'édition du 06.01.09.

Une réalisation titanesque d'environ 3 milliards d'euros d'investissement, qui nécessitera le travail de 5 000 ouvriers, sans doute polonais et chinois, pour le chantier, sur une île qui ne compte que 56 000 habitants. Mais un autre défi est bien plus pressant, et délicat : avec cette usine, le Groenland, aujourd'hui dans le camp des victimes du réchauffement climatique (fonte de la calotte et des glaciers, bouleversement de la culture traditionnelle inuit), rejoindra celui des pollueurs. "Nous allons devenir une partie du problème. Je préférerais que l'on soit une partie de la solution", lance Aqqaluk Lynge, président groenlandais du Conseil circumpolaire inuit.

RÊVES D'INDÉPENDANCE

Le Danemark, qui accueillera dans un an la conférence de l'après-Kyoto, COP 15, est embarrassé. Lors de la signature du protocole de Kyoto, le Danemark, qui devait baisser ses rejets de 21 %, avait négocié un accord spécial pour le Groenland, de 8 % seulement. "Nous leur reconnaissons le droit de se développer. Pour la suite, ce n'est pas à nous de leur dire ce qu'ils doivent faire", souligne Tore Keller, porte-parole du ministère danois du climat. Les Danois attendent maintenant le plan climat que doit présenter le Groenland dans les semaines à venir.

Ancienne députée, Ellen Christoffersen, aujourd'hui porte-parole de Greenland Development, agence du gouvernement autonome groenlandais qui coordonne les négociations avec Alcoa, admet que la question est difficile : "Je suis contente de ne plus être députée et de ne pas avoir à voter là-dessus." La production d'aluminium est très polluante et la discussion a, jusqu'à présent, surtout montré les lacunes du Groenland. Alors que le pays vient de voter, le 25 novembre 2008, en faveur d'une autonomie élargie vis-à-vis du Danemark, il ne dispose toujours d'aucune stratégie climatique. Dès aujourd'hui, "le Groenland n'arrive pas à respecter la baisse de 8 % de ses rejets de gaz à effet de serre", note le journal Sermitsiaq. La tâche se compliquera encore si les rêves groenlandais se concrétisent. "L'usine d'aluminium, à elle seule, augmenterait de 75 % les rejets groenlandais de gaz à effet de serre", ajoute le journal.

"C'est vrai, concède Per Berthelsen, ministre groenlandais des finances et des affaires étrangères. Mais l'industrie de la pêche, qui représente 90 % de nos exportations, est vulnérable à cause du changement climatique. Il faut que l'on trouve des sources de revenus à terre. C'est pour cela que l'on attend beaucoup d'Alcoa. Si cela marche, les revenus fiscaux s'élèveront à 200 millions de couronnes (27 millions d'euros) par an dès 2011." Une manne importante pour financer les rêves d'indépendance du Groenland. "Il faut voir cette production d'aluminium d'un point de vue global, note Kaj Kleist, directeur de cabinet du premier ministre groenlandais. Ailleurs dans le monde, ils choisissent du charbon ou du gaz naturel pour produire de l'aluminium, ici au moins, on utilisera une énergie verte avec deux usines hydroélectriques pour produire cet aluminium." Ce qui, selon lui, produirait huit à neuf fois moins de gaz à effet de serre que les usines alimentées au charbon, comme en Chine, ou au gaz naturel comme au Moyen-Orient. "Même si l'on augmente le niveau de rejets de gaz carbonique localement, poursuit M. Kleist, on aide le monde avec cet aluminium qui est demandé."

Kim Kielsen, ministre groenlandais des ressources, est tout aussi décidé : "Nous devons pouvoir nous développer." Selon lui, les contraintes climatiques ne doivent pas être un frein pour le Groenland.

NUUK (GROENLAND) ENVOYÉ SPÉCIAL

Olivier Truc
Le Monde
06.01.09.

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