lundi 2 février 2009
*L’UE doit utiliser le budget non dépensé pour promouvoir l’énergie propre et la large bande*
***La Commission européenne propose d'attribuer 5 milliards d’euros du budget européen non dépensé pour soutenir des projets intégrant la technologie de charbon propre, des parcs éoliens offshore et le déploiement de connections Internet à large bande dans les zones rurales.
Un total de 3,5 milliards d’euros des crédits non dépensés de l'UE seront consacrés aux projets d’énergie propre et 1 milliard d’euros à l’Internet à large bande. Ce sont les projets dévoilés par la Commission européenne, mercredi 28 janvier. 500 millions d’euros supplémentaires sont destinés à répondre aux nouveaux défis de l’agriculture, comme le changement climatique, l’énergie renouvelable, la gestion de l’eau et la restructuration du secteur laitier.
L’énergie et les réseaux à large bande sont tous deux cruciaux pour l’avenir de l’économie européenne, a expliqué la Commission dans une déclaration.
La proposition va désormais être soumise aux Etats membres pour accord. La présidence tchèque prévoit de l’examiner au Conseil Affaires générales des 23 et 24 janvier.
Justifiant le choix des projets de la Commission, l'un de ses porte-paroles a déclaré que la priorité avait été donnée aux objectifs stratégiques de l’UE. Le stade d’avancement des projets a été le second critère.
Stockage du carbone et éoliennes offshore
Les projets visant à stocker sous terre le CO2 émis par les centrales électriques (captage et stockage du carbone, ou CSC ; lire le Dossier d’EurActiv.fr) se sont taillés la part du lion de la proposition de l’exécutif européen, se voyant accorder une enveloppe financière de 1,25 milliards d’euros.
L’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne (avec le Portugal) et le Royaume-Uni recevront chacun 250 millions d’euros pour l’application de technologies naissantes aux centrales au charbon, très polluantes.
L’énergie éolienne offshore a également été soutenue. 150 millions d’euros ont été octroyés aux projets de trois groupes de pays : le Danemark, la Suède, l’Allemagne et la Pologne ; le Royaume-Uni et les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Irlande et le Danemark ; l’Allemagne et la Pologne.
Internet à large bande dans les zones rurales
Un milliard d’euros est dédié aux projets visant à déployer la large bande dans les zones rurales (EurActiv.com 27/11/08). Au total, 30 % de la population rurale de l’UE n’a pas accès à Internet, mais la situation diffère d’un pays à un autre, selon la Commission. Un graphique, publié avec la communication, montre que les zones rurales de Bulgarie et de Roumanie ne sont pas couvertes.
Les Etats membres de l’UE auront la responsabilité de solliciter des fonds, et les montants seront alloués selon la clé de distribution actuelle du Fonds européen agricole pour le développement rural. Les régions les plus pauvres bénéficieront d’un financement plus important.
Déception pour Nabucco et les interconnecteurs gaziers
En dépit de la récente crise gazière, les sommes destinées aux «interconnecteurs gaziers » censés améliorer la résistance européenne de l’UE en situation de crise sont assez modestes, avec un total à peine supérieur à 1 million d’euros.
En outre, la Bulgarie et la Slovaquie, pays les plus sévèrement touchés par la crise, ont seulement reçu de modestes montants : la Bulgarie obtient 20 millions d’euros pour l’interconnexion d’Haskovo-Commotini avec la Grèce ; et la Slovaquie obtient 25 millions d’euros pour l’interconnexion de Velky Krtis-Ballasaqyarmat avec la Hongrie.
250 millions ont été alloués au projet européen de gazoduc, Nabucco. Toutefois, ce montant ne représente en fait qu’un instrument de partage des risques visant à effectuer les emprunts bancaires dans de meilleures conditions que celles offertes par le marché, a confié à EurActiv le porte-parole de la Commission, Johannes Laitenberger.
Les Etats membres perplexes
Reste toutefois à savoir si les Etats membres approuveront la réallocation des fonds. Un diplomate italien a déclaré que la proposition de la Commission le laissait perplexe, notamment parce qu’elle ne reflétait pas les décisions prises au Conseil européen de décembre.
L’Italie s’inquiète du fait que les budgets de l’agriculture soient désormais déplacés vers d’autres secteurs, indiquant que le bénéfice était marginal pour l’Italie, à l’exception des 100 millions d’euros pour une interconnexion gazière avec la Grèce.
Un diplomate français remet en question l’utilisation de projets à long terme alors que l’Europe a besoin de décisions à court terme pour relancer son économie. Il a déclaré qu’il s’agissait plus d’un financement de la sécurité énergétique que d’un plan de relance et que selon lui, il s’agissait donc de projets à long terme.
Les autres Etats membres ont déjà déclaré qu’ils préféreraient dépenser le budget restant pour des projets d’infrastructure de transport.
POSITIONS:
Le ministre hongrois de l’Energie, Csaba Molnár, a salué la décision de la Commission d’accorder des fonds au gazoduc Nabucco. Il s’agit d’une décision très importante qui peut faire avancer le projet Nabucco, a-t-il indiqué, ajoutant que ce n'était pas uniquement un succès pour les pays partenaires de Nabucco, mais également pour son pays. Il a souligné que la Hongrie était le premier pays à avoir proposé que les partenaires ne considèrent pas l’exécution de ce gazoduc uniquement du point de vue commercial, mais également comme un programme commun en matière de sécurité européenne.
Il a également salué le fait que la Commission ait proposé près de 1,5 milliards d’euros pour d’autres projets énergétiques, comme celui des réseaux électriques et énergétiques européens interconnectés. Il a annoncé qu’un projet de gazoduc entre la Hongrie et la Roumanie, dont les travaux n’ont pas encore commencé, s’est vu octroyer une aide financière de 30 millions d’euros, alors que le gazoduc entre la Hongrie et la Slovaquie recevrait des subventions à hauteur de 25 millions d’euros.
M. Molnár a souligné le fait que les prochaines étapes du projet Nabucco, à savoir conclure des accords entre les pays, auront lieu en juillet au plus tard.
L’Association européenne de l'énergie éolienne (EWEA) a applaudi l’initiative de la Commission. L’industrie éolienne se satisfait que la Commission reconnaisse que l’énergie éolienne offshore est une source d’énergie stratégique que l’UE doit développer, a indiqué Christian Kjaer, directeur général de l’EWEA. On a toujours su que l’énergie éolienne offshore allait être une source intéressante, productive et fiable, mais ces nouvelles ressources pourraient désormais aider l’industrie à réaliser plus tôt son potentiel ambitieux, a-t-il ajouté.
Claude Turmes, eurodéputé vert luxembourgeois et porte-parole de l’Energie, a qualifié la proposition de financement des projets énergétiques d’inadéquate et de déséquilibrée. Le paquet de 3,5 milliards d’euros est divisé entre un montant gonflé de 3 milliards pour le charbon et le gaz et un maigre montant de 500 millions pour l’énergie éolienne, a-t-il fait remarquer. Cela représente un cadeau inespéré de la part de M. Barroso pour des technologies auxquelles il faudrait renoncer, au lieu d’effectuer l’engagement à l’égard de l’énergie propre et des économies d’énergie dont l’Europe a fortement besoin.
Dans une déclaration, le groupe environnemental Greenpeace a indiqué que le plan représente une autre opportunité manquée. Selon l’association, les investissements dans les technologies de captage de CO2 pourraient perpétuer le système énergétique dépassé de l’UE et la dépendance européenne aux carburants fossiles. Le charbon propre est une promesse vide et est loin de devenir une technologie viable. Par opposition, les énergies renouvelables et les technologies d’efficacité énergétique sont disponibles et fonctionnent aujourd’hui, prêtes à créer des emplois pour des millions de personnes, a indiqué Frauke Thies, militant dans le domaine de la politique énergétique de l’UE auprès de Greenpeace.
Hans Van der Loo, chef du bureau de liaison bruxellois de Shell, a salué le plan, indiquant qu’il s’agit d’une bonne nouvelle et d’un signe positif selon lesquels les dirigeants européens font bon usage de la crise économique et investissent dans des projets à long terme. « Ce n’est pas un coût, mais un investissement pour les générations futures », a déclaré Van der Loo à EurActiv. Il critique ceux pour qui la technologie de captage et de stockage du carbone (CSC) n’aurait pas du figurer dans le plan de la Commission et qui sont d’avis que l’Europe devrait plutôt investir dans les énergies renouvelables ou l’efficacité énergétique. Selon lui, ce n’est pas exclusif, un avenir durable sans CSC n’est simplement pas possible.
CONTEXTE:
En décembre, les chefs d’Etat et de gouvernement ont accepté un paquet de relance fiscale d’environ 1,5 % du PIB de l’UE, soit 200 milliards d’euros. Le paquet a été adopté sur la base d’une proposition de la Commission européenne présentée en novembre (EurActiv.com 27/11/08).
Pour compléter le plan de relance, la Commission a également proposé de réallouer des fonds européens non dépensés destinés à l’agriculture pour soutenir les infrastructures d’énergie et l’Internet à large bande (EurActiv.com 11/12/08).
Conformément à la proposition, des sommes de la ligne budgétaire 2 du budget européen (préservation et gestion des ressources naturelles, y compris les paiements directs pour soutenir le secteur agricole) pourraient être réallouées à la ligne budgétaire 1A (compétitivité, croissance et emploi).
EurActiv
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