***C’était la dernière enquête qui collait aux basques de Phil Jones, le patron du Climate research unit de l’université britannique d’East Anglia. Accusé par certains de manipulation de données et d’entrave à la circulation des résultats scientifiques, après le vol et la publication de la correspondance email du CRU, Phil Jones est désormais totalement blanchi. Après six mois passés dans le placard qu’il s’était lui-même construit pour ne pas gêner les enquêtes en cours, Jones en ressort par la grande porte. Il a immédiatement été réintégré au sein du CRU, dont il sera désormais directeur de la recherche. La commission a néanmoins demandé quelques améliorations dans le fonctionnement du centre de recherches, notamment dans sa manière d’archiver les données.
Cette troisième enquête, de loin la plus approfondie, visait à étudier de près le contenu du millier de mails jetés à la vindicte populaire, et à déterminer si Jones s’est rendu coupable de faux, de réseaux d’influence et autres joyeusetés (1). La commission Muir avait aussi lancé un appel à contributions, auquel les détracteurs de Jones, climato-sceptiques pour la plupart, avaient répondu en nombre. Les enquêteurs ont aussi passé les papiers de Jones au crible, comparé ses jeux de données avec ceux disponibles dans les grands organismes (Nasa, etc.) pour déterminer s’il s’est livré à une quelconque manipulation.
De tout cela, Jones est blanc comme neige. «Il n’y a pas de fondement pour l’affirmation que le CRU a fait des ajustements de nature à influencer de manière significative les moyennes globales et ainsi à fabriquer des preuves d’un réchauffement récent», écrivent les enquêteurs à propos des reconstructions de température à partir des stations météorologiques terrestres. Idem pour les reconstructions de température passées, qui ont servi d’appui au dernier rapport du Giec. Jones est aussi lavé des accusations d’avoir perverti ou détourné le système de relecture par les pairs, pour parvenir à ses fins. «Il n’y a pas de preuve directe et évidente que les chercheurs du CRU ont abusé de leur position au Giec pour empêcher la publications d’idées contradictoires [dans le rapport du Giec de 2007].» Seul un graphique publié dans un rapport de l’Organisation météorologique mondiale est mis en cause. Non pas parce qu’il est faux, mais que sa légende est incomplète, et de nature à induire le lecteur en erreur.
Il y a bien évidemment un mais dans tout cela. Il faut bien que les négateurs de réchauffement obtiennent une miette. Car c’est d’une miette qu’il s’agit. La commission Muir reconnaît que les chercheurs du CRU n’ont pas été très motivés pour communiquer leurs données brutes et leurs codes de calcul à leurs détracteurs. Qui le serait d’ailleurs, d’autant que de nombreuses données utilisées par le CRU sont généralement vendues par les organismes météorologiques? Le rapport Muir estime que la campagne bien orchestrée de demandes de communication de données à l’été 2009 s’explique en partie par le fait que le CRU avait traîné les pieds. C’est en partie pour cela que Jones ne retrouvera pas sa position de directeur du centre de recherches: une volonté de séparer les tâches administratives de celles du chercheur. De la sorte, quand un allumé du bocal voudra les données de l’équipe de Jones, ce dernier ne sera pas en première ligne: c’est un responsable administratif qui se coltinera la paperasse.
Reste une question désormais. Quid de la quatrième enquête? Car il y a eu effraction dans les ordinateurs du CRU, et violation de correspondance privée. Et cette enquête-là avance moins vite que les péripéties de notre ministre Worth et de sa bienfaitrice Béttencourt. De ce point de vue là, l’affaire était rondement menée: un casse au CRU, un millier de mails jetés sur la place publique, la réputation de Jones salie et l’homme blessé… L’université d’East Anglia ira-t-elle poursuivre en diffamation les principaux acteurs de cette chasse à l’homme? Salissez, salissez, il en restera toujours quelque chose. Comme je l’ai écrit dès le 2 décembre dernier, «le climategate a fait long feu», un «pschiiiiit chiraquien». Certains confrères s’étaient élevés pour demander la démission de Jones, comme le chroniqueur George Monbiot du Guardian. Aujourd’hui, il fait amende honorable, même si c’est du bout des lèvres.
Tout cela confirme s’il en était besoin que la théorie du grand complot au sein du Giec avancée par notre mammouth du déni climatique n’était qu’un château de cartes. Ce n’est pas la climatologie qui est une imposture, c’est le climategate et tout ceux qui se sont appuyés sur ce braquage pour salir la réputation d’un honnête chercheur et de l’ensemble des climatologues!
(1) Michael Mann, le principal correspondant de Jones dans les fameux emails, a de son côté fait l’objet d’une commission d’enquête à l’Université de Pennsylvanie, qui l’a blanchi.
http://effetsdeterre.fr/2010/07/08/le-climategate-nen-etait-pas-un
Denis Delbecq
Effets de Terre
Bien à vous,
Morgane BRAVO
jeudi 8 juillet 2010
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