***Secrétaire nationale des Verts depuis quatre ans et tête de liste Europe Ecologie en Ile-de-France pour les élections régionales de 2010, Cécile Duflot entend défendre un programme "écologiste mais pas simpliste" dont les deux axes principaux seront "l'économie et la qualité de vie".
Ce qui est important pour nous, c'est d'avoir une région qui engagera la transition écologique et répondra donc aux enjeux du XXIe siècle. Nous mettrons l'accent sur deux sujets : l'emploi et les questions économiques, c'est-à-dire la conversion écologique de l'économie. Nous travaillerons sur deux points majeurs en Ile-de-France : d'une part le développement économique et la formation professionnelle, de l'autre l'amélioration de la qualité de la vie. La réduction des temps de transport sera l'un des leviers qui nous permettra d'aboutir à nos objectifs : avoir dans son environnement des services urbains (transports, culture, logement) ainsi que l'accès à des emplois durables et non délocalisables.
Le chômage et l'exigence climatique sont également au cœur des priorités des socialistes franciliens... Vos programmes sont proches...
Que les discours des écologistes soient devenus à la mode, ce n'est pas une découverte. Peu de politiques osent s'opposer frontalement aux solutions que nous avançons. La question est de savoir qui va les mettre en œuvre ? Comment changer de mode de développement ? Comment engager en profondeur la conversion écologique de l'économie ? C'est un gisement de nouveaux emplois, mais également une façon différente de penser notre modèle économique en raccourcissant les distances entre le lieu de production et le lieu de consommation. Il faut rompre avec la logique de sectorisation où l'on entasse les emplois dans un endroit et les logements dans un autre, ce qui, en termes de rentabilité, de poids environnemental et de qualité de vie, n'est intéressant pour personne.
L'Elysée a choisi Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko-Morizet, l'actuelle et la précédente secrétaires d'Etat à l'écologie, pour conduire des têtes de listes départementales en Ile-de-France. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Le bilan du gouvernement auquel appartiennent ces ministres, indépendamment de leur qualité ou de leurs convictions personnelles, montre bien une réelle discordance entre les discours et les actes. Le Grenelle de l'environnement est dans les limbes, sa mise en œuvre est toujours attendue.
Le schéma directeur de la région Ile-de-France est bloqué depuis plus d'un an à Matignon. Un secrétaire d'Etat à la région capitale a été installé par l'Elysée. Une Ile-de-France de gauche n'est-elle pas entravée lorsque le gouvernement est de droite ?
Nous sommes dans un jeu politique complexe avec l'Etat et les départements. Je pense néanmoins qu'il faut être en mesure de prendre l'initiative et, le cas échéant, de poser le débat publiquement, au niveau des citoyens. Il est vrai que la région Ile-de-France, comme Paris, a une place particulière dans notre pays, mais elle ne doit pas être prise en otage par le gouvernement. Son destin doit appartenir aux habitants.
Valérie Pécresse, tête de liste UMP en Ile-de-France, a déclaré dans la presse que vous étiez contre la voiture électrique. Est-ce exact ?
C'est facile d'avoir des discours simplistes, les écologistes ont pour leur part des discours nuancés. Sur la question de la voiture électrique, nous disons qu'il ne s'agit pas de la solution avec un "s" majuscule aux problèmes du transport et de la pollution. Il s'agit néanmoins d'une piste, notamment pour les petits véhicules de livraison, où cela peut être utile. Il ne faut pas en rester aux vieilles idées et créer la transition écologique. Il n'existe pas de formule magique, nous sommes favorables à une palette de solutions pour le transport des hommes et des marchandises.
Aujourd'hui la région Ile-de-France soutient le projet Autolib (un réseau de voiture électrique francilien en libre service). Si vous êtes élue à la tête de la région, maintiendrez-vous cette aide ?
Les écologistes ont toujours exprimé leurs réserves vis-à-vis de ce projet. Notre analyse est pragmatique : le projet est très discutable en termes d'efficacité et de rentabilité de l'argent public investi. Il doit être utile à l'ensemble des Franciliens et pas seulement à ceux de la petite couronne. Mais nous sommes favorables à l'autopartage.
Regrettez-vous la censure de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel ?
Nous défendons la fiscalité verte depuis des années. Le principe est de mettre l'outil fiscal au service d'un projet, qui est la transition énergétique : c'est-à-dire davantage d'économies d'énergie et l'utilisation d'énergies renouvelables. Mais il faut alors avoir le courage de la logique d'une fiscalité écologique, le gouvernement ne l'a pas eu en accumulant des exonérations. Il n'a pas non plus organisé les mesures utiles aux ménages : isolation des logements, changement de mode de chauffage, remplacement des appareils électroménagers énergivores, mise en place de transports en commun... Cela nécessite des moyens qui pourront être collectés par la contribution climat-énergie. S'il ne s'agit que de créer une taxe supplémentaire qui ne pèse que sur les ménages et la consommation d'énergie hors électricité, on se trompe, on passe à côté de l'histoire et on est injuste socialement.
Eric Nunès
LEMONDE.FR
06.01.10
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