mardi 6 avril 2010
*Allègre, « coup de coeur » de la Fnac...*
***Enquête - L' « Imposture climatique » n'en finit pas de faire des remous :
Le dernier bouquin d'Allègre est pourtant « Coup de cœur » dans l'enseigne culturelle. Choix éditorial ? Négligence ? Stratégie commerciale ? Bille en tête, je cherche des explications.
Pas la peine de tortiller. Le bouquin d’Allègre est un brûlot. En terme « Robertien », une idée « susceptible de causer des dommages ou un scandale ». Il a engendré un débat – un peu tragique – entre l’auteur et les Français sur le plateau de Guillaume Durand. A suscité l’émoi de deux chercheurs, dont les travaux ont été très « approximativement » cités par Allègre. Et carrément poussé 400 scientifiques à demander au gouvernement d’intervenir.
Et là, au beau milieu de la bataille, la Fnac l’aurait applaudi ? C’est un climatologue, affligé, qui me souffle l’info au sortir d’un débat. Intriguée, je m’en vais vérifier illico sur le site de l’« Agitateur de curiosité ». Bingo. L’ Imposture climatique est bel et bien « Coup de cœur des vendeurs ». Une fois le choc passé, il me faut comprendre. Après tout, je ne sais pas comment sont attribuées les petites étiquettes orange. Un coup de fil au service de presse de la Fnac devrait m’éclairer. Le hic c’est que j’ai l’idée - idiote - de glisser le nom d’Allègre dans la conversation. On me dit qu’on va me rappeler.
Le choix du libraire
En attendant, je me tourne vers les éditeurs. Chez JC Lattès, on me conte l’histoire d’une banale stratégie commerciale. « On présente nos ouvrages aux gens de la Fnac et on va rencontrer les vendeurs, on essaye de leur montrer les qualités de nos bébés, on leur donne des exemplaires… Mais après, c’est eux qui décident. Toujours. », m’explique le directeur commercial. D’argent point. « Le coup de cœur ne se paye pas ». Ni ne s’achète.
Confirmation auprès d’un ami d’ami, très opportunément vendeur à la Fnac. A l’écouter, c’est assez simple. Les libraires sont encouragés à lire, les disquaires à écouter, les vendeurs de DVD à visionner. Certains produits sont mis gratuitement à la disposition des employés mais « ça ne signifie pas pour autant qu’il y aura un “coup de cœur” derrière ». me glisse-t-il. « Évidemment, s’il y a des livres qui sont vraiment dans l’actualité, c’est mieux que quelqu’un rédige une petite brève. » Comprenez quelques mots sous l’étiquette, signé du prénom du vendeur-lecteur et de son magasin d’origine. Être dans l’actualité ? C’est sans doute ce qui a valu au bouquin d’Allègre de se retrouver dans les mains de Patrice, Carole et France. Sur le site de la Fnac, ces vendeurs d’Avignon, de Vannes et du Val d’Europe ont « craqué » pour le bouquin de l’ex-ministre.
Si le premier laisse un commentaire plutôt factuel sauf un mauvais jeu de mots : « Il [Allègre] dénonce le business ECO(LO)nomique ». La troisième est plus enthousiaste : « Loin d’être moralisateur, il propose des solutions innovantes et plus réalistes pour lutter contre le réchauffement climatique. » La seconde est carrément militante : « seul contre tous les scientifiques penseurs, il démontrera qu’il avait raison mais il sera sans doute trop tard !!! Pouvons-nous encore prendre conscience de nos erreurs ? »
Remontées mécaniques
Trois petits avis et voilà le bouquin estampillé « coup de cœur ». En fait, la chose tient à une récente organisation. Autrefois décidé par un employé de Caen pour son rayon de Caen, le coup de cœur s’ exporte désormais tous azimuts. Une fois rédigé, il est automatiquement posté sur l’intranet de la Fnac. Résultat : « Un coup de cœur BD d’un vendeur de Rouen peut se retrouver dans un magasin de Vannes », résume mon contact de la Fnac. Mieux, les avis de tout l’Hexagone sont relayés sur le site internet. Un simple suffrage et voilà l’ouvrage paré de la jolie mention. Et peut-être des centaines de ventes à la clé. Parce que les « coups de cœur », ça doit fait vendre, non ?
Dans les maisons d’édition, on confirme. « Nous avons fait de très belles performances grâce aux “coups de cœur” sur certains titres », souffle le directeur commercial de JC Lattès. « Quand le coup de cœur est partagé, que plusieurs magasins s’enthousiasment, ça peut avoir un impact, oui », confirme-t-on chez Robert Laffont. Est-ce une raison au succès de L’Imposture climatique ? Il se trouve que le bouquin d’Allègre s’est confortablement installé au top des livres les mieux vendus. N°2 des livres scientifiques sur le site français d’Amazon. N°1 dans les Relay H. Allègre, lui même, s’en félicite, sa prose aurait déjà permis d’écouler 120 000 exemplaires.
Je m’apprête à rédiger mon papier. La Fnac rappelle. Il est 17h. Pas de porte-parole acceptant d’être cité mais une interlocutrice qui veut bien m’expliquer le système. Les vendeurs de la Fnac sont totalement libres, confirme-t-elle. La Fnac, elle, n’oppose aucune censure. Sauf si la brève rédigée est injurieuse envers l’auteur ou la maison d’édition. Ce qui n’est jamais arrivé, m’assure-t-on. Alors pas responsable, la Fnac ? « La Fnac a juste fait le choix de laisser la parole à ses libraires ». Fermez le ban.
*A lire aussi sur terraeco.net :
Dossier : Allègre et les climato-sceptiques : comment ils nous manipulent
Allègre et « l’imposture climatique » : du réchauffé ?
Le coup de gueule contre Allègre des climatologues français
KARINE LE LOËT
Terraeco
5-04-2010
****CLAUDE ALLÈGRE : ACCUSÉ DE FALSIFICATION... :
http://bit.ly/d18hjA
A SUIVRE...!
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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