***Le retrait de la Fondation Nicolas Hulot vient porter un coup sérieux à la crédibilité d’un processus qui souffre de la subordination des enjeux environnementaux aux intérêts financiers.
Hasard du calendrier. Alors que la Semaine du développement durable s’ouvre aujourd’hui, les contradictions de la politique environnementale du gouvernement explosent au grand jour. En claquant la porte du Grenelle de l’environnement, la Fondation Nicolas Hulot vient d’infliger le dernier camouflet en date à l’action du président de la République. Le Grenelle est-il mort ? Il est en tout cas mal en point.
Tout avait bien commencé pourtant pour le chef de l’État. Signataire du « pacte écologique » de Nicolas Hulot durant la campagne présidentielle, le candidat Nicolas Sarkozy s’est empressé d’afficher, à peine son élection acquise, son volontarisme en la matière.
Nomination d’un ministre de l’Écologie et du Développement durable avec rang de ministre d’État, c’est-à-dire de numéro 2 du gouvernement, et lancement du Grenelle réunissant ONG, patronat, syndicats et élus. Au final, une loi dite du Grenelle 1 fixant des objectifs on ne peut plus consensuels. À l’époque, seuls les parlementaires communistes n’avaient pas voté le texte, évoquant pour expliquer leur abstention entre autres l’absence d’éléments sur le financement des mesures du Grenelle.
Pour justifier son retrait, la Fondation Nicolas Hulot explique que « la conversion (du gouvernement – NDLR) à l’écologie n’est que trop souvent opportuniste ». Certes, il est fort probable que le lancement du Grenelle de l’environnement a obéi à certaines arrière-pensées. Le président de la République espérait sans doute des retombés politiques favorables et séduire les électeurs sensibles aux enjeux environnementaux. Les élections européennes et régionales auront été de ce point de vue un échec. Mais l’opportunisme ne saurait suffire à expliquer les reculs enregistrés depuis le Grenelle. L’échec de Copenhague, l’abandon des objectifs de transfert modal de la route vers le rail, symbolisé par la restructuration du fret à la SNCF, relève de causes plus profondes. Dans le premier cas, c’est le refus des pays riches de fournir les efforts nécessaires en matière de réduction des gaz à effet de serre et de solidarité avec les pays pauvres, qui est en cause. Dans le second cas, les ambitions ferroviaires viennent se heurter au dogme européen de « la concurrence libre et non faussée ». La course à la rentabilité et au profit dans laquelle elle a plongé les opérateurs ferroviaires est incompatible avec le développement du rail. Dans les deux cas, les enjeux environnementaux sont sacrifiés aux intérêts de la finance et des multinationales. « Si le climat avait été une banque vous l’auriez déjà sauvé », lançait ainsi, à Copenhague, aux dirigeants des pays riches, le président vénézuélien, Hugo Chavez.
Entre les enjeux du développement durable et les intérêts capitalistes, Nicolas Sarkozy a choisi. En visite au Salon de l’agriculture, le chef de l’État a désigné « les contraintes environnementales » comme bouc émissaire de la crise. Mais l’agriculture française souffre moins de « ces contraintes » que de la libéralisation des marchés agricoles imposée avec la complicité de Bruxelles ou encore de la loi de modernisation de l’économie qui soumet le destin des paysans au bon-vouloir des firmes la grande distribution.
Le thème de cette huitième semaine du développement durable est « changeons nos comportements ». Personne ne niera l’intérêt de chacun à se montrer plus respectueux de l’environnement. Mais ne faudrait-il pas ajouter à ce slogan : « Changeons aussi nos politiques » ?
Pierre-henri Lab
L'Humanité
1er avril 2010
***A SUIVRE...!
Bien à vous,
Morgane BRAVO
vendredi 2 avril 2010
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