***Les trois jours de débats ont accouché d'un texte alambiqué et d'une esquisse de calendrier.
Les diplomates du climat ont péniblement esquissé dimanche à Bonn un calendrier de travail dans une atmosphère de méfiance, sur fond de profondes divisions sur la portée de l'accord de Copenhague, conclu in extremis en décembre par une vingtaine de chefs d'Etat.
Loin d'avoir restauré la confiance, ces trois journées de négociations - les premières depuis la déception du sommet danois - ont mis en lumière les obstacles qui se dressent sur la route de Cancun (Mexique), en décembre, prochain rendez-vous pour tenter d'enrayer la hausse du thermomètre mondial.
«Si nous assistons à un autre échec à Cancun , cela entraînera une grave perte de confiance sur l'efficacité de ce processus», a mis en garde Yvo de Boer, plus haut responsable de l'ONU chargé du climat, tout en prenant soin de ne pas fixer la barre trop haut.
«Nous ne devons pas chercher à avoir des réponses à toutes les questions à Cancun», a-t-il lancé, réaffirmant qu'il faudrait probablement attendre le rendez-vous suivant, en Afrique du Sud fin 2011, pour aboutir à un traité légalement contraignant.
Aide aux pays les plus exposés aux impacts du dérèglement climatique, transferts de technologies vertes, lutte contre la déforestation (environ un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre): l'objectif est aujourd'hui plutôt d'arriver à «un jeu de décisions opérationnelles».
Mais les obstacles s'annoncent nombreux.
A l'issue de plusieurs heures de débats tendus, les délégués des 175 pays présents se sont mis d'accord dimanche soir sur un programme de travail, avec deux réunions supplémentaires d'ici Cancun, et un compromis alambiqué sur la place devant être réservée à l'accord de Copenhague.
Ce texte fixe comme objectif de limiter la hausse de la température de la planète à deux degrés mais reste très évasif sur les moyens d'un parvenir. Il prévoit un financement pour les plus vulnérables à court terme (30 milliards de dollars entre 2010 et 2012) et moyen terme (100 milliards par an d'ici 2020).
Mais le statut hybride de ce document, qui n'a pas été adopté mais dont les délégués des quelque 190 pays rassemblés à Copenhague ont simplement «pris note» complique terriblement la donne.
Officiellement soutenu par plus de 110 pays, ce texte de deux pages et demi compte de farouches détracteurs qui dénoncent les conditions dans lesquelles il a été négocié.
Méfiance
A l'issue des plusieurs heures de débats tendus, les délégués ont donné mandat à la présidente du principal groupe de travail, la Zimbabwéenne Margaret Mukahanana-Sangarwe, de rédiger un texte qui pourrait servir de base aux éventuelles décisions à Cancun.
Le document adopté de Bonn ne contient aucune référence explicite à l'accord de Copenhague. Mais la présidente a précisé oralement qu'il serait pris en compte, comme l'ensemble des autres travaux.
«Les négociations restent très tendues, il y a beaucoup de méfiance», a reconnu Paul Watkinson, responsable de la délégation française, regrettant de nombreux blocages. «Certains délégués ne semblent pas avoir intégré ce qui s'est passé à Copenhague et la nécessité d'avoir rapidement des résultats concrets.»
«Ce n'est pas un désastre mais cela n'inspire pas beaucoup de confiance pour la suite», résumait Alden Meyer, du think tank américain «Union of Concerned Scientists», rappelant la nécessité de progresser sur le fond: la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les engagements chiffrés à ce jour sur table restent insuffisants pour s'inscrire dans une trajectoire de division par deux des émissions mondiales d'ici 2050, et ainsi espérer rester sous la barre des deux degrés de hausse de la température moyenne de la planète.
AFP
Libération
12/04/2010
lundi 12 avril 2010
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