Bien que nettement favorable à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, le ministre Arcand affirme que les dés ne sont pas pipés. De l'entrevue accordée à La Presse Affaires, il ressort que le gouvernement Charest ne s'est pas laissé endormir par les promoteurs du gaz de schiste et leurs études favorables.
Il est évident pour le ministre Arcand que l'actuelle commission d'enquête du BAPE sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste joue un rôle déterminant dans le développement le plus sécuritaire possible de ce nouveau secteur d'activité. Comme on sait, des sociétés se livrent présentement à des travaux d'exploration. Qu'a à dire le ministre sur l'empressement de son gouvernement à vouloir aller de l'avant avec l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste?
«Pas une tâche précipitée»
Pierre Arcand répond à ce propos: «Mettons que dans un monde idéal, la nouvelle loi sur les hydrocarbures est adoptée à la fin de 2011. Ça, c'est le meilleur des scénarios. Après ça, ça va prendre deux ans à Gaz Métro, pour raccorder tout cela. Puis là, on est rendu en 2014 ou 2015, avant qu'il y ait une première exploitation commerciale. Ce n'est pas une tâche précipitée. Crime, on a commencé à en parler en 2007, du gaz de schiste.»
«De toute façon, le BAPE, de par son mandat, s'il constate qu'il y a un problème majeur d'acceptabilité sociale, il va le mettre dans son rapport. Il va le dire de façon claire. Il n'a pas besoin de nous de ce côté-là.»
Le BAPE doit remettre son rapport au mois de février prochain. Depuis 2007, un total de 28 forages ont été effectués dans les schistes gazéifères de la province. Et 109 permis de recherche de pétrole et de gaz naturel ont été accordés à une douzaine de sociétés d'exploration.
Aux yeux du ministre, il ne faut pas partir en peur avec ces données québécoises sur les forages et permis. Il tient à indiquer que les Américains ont beau mener des études, cela n'a empêché pour autant New York de donner 1300 permis commerciaux et la Pennsylvanie quasiment 2000.
«À un moment donné... tu sais! Nous on a donné 28 permis de forage», lance le ministre pour remettre les pendules à l'heure, tout en laissant entendre qu'on accuse du retard sur les Américains, la Colombie-Britannique, etc.
Sur les trois endroits au Québec où le gaz de schiste est présent, le ministre Arcand affirme: «Il y a deux endroits où il n'y a pas l'air d'y avoir de problèmes à ce point majeurs (avec la population): sauf un peu à Bécancour, je dirais que dans la région de Lotbinière et puis dans la région des Chaudière-Appalaches... c'est relativement accepté.»
«Là où il y a vraiment un problème, c'est en Montérégie, particulièrement de Saint-Jude jusqu'à Mont-Saint-Hilaire. D'abord à Saint-Jude, ils ont eu des glissements de terrain, ça n'a pas beaucoup aidé dans un premier temps.»
Les travaux d'exploration actuellement menés dans la province sont, dit-il, sous haute surveillance. «Je ne peux pas garantir qu'il n'y a pas de risques, mais on va faire le maximum pour les éviter.»
Des milliards en redevances
«On est assis sur une richesse naturelle de plusieurs milliards de dollars.»
Selon une étude de Secor, l'exploitation du gaz de schiste au Québec pourrait rapporter à la province des redevances de l'ordre de 250 à 300 millions par année, générer 5000 emplois et nous permettre d'y acheter annuellement nos 2 milliards de dollars de gaz naturel au lieu, comme le dit M. Arcand, de «garrocher» cette somme en Alberta.
«Cependant, une chose est claire pour nous: on ne nationalisera pas. Il faut que ce soit l'entreprise privée qui exploite le gaz de schiste. La pression exercée sur nous vient des petites entreprises. Elles nous disent: avant qu'on se lance dans des dépenses considérables, peut-on savoir les règles du jeu, incluant loi, environnement, redevances.»
Dans six mois ou un an, selon M. Arcand, personne ne va être en mesure de dire s'il y a un risque absolu ou s'il n'y a pas de risque du tout. «Ça va être une zone grise, anyway.»
Et parole du ministre, oui! il y aura exploitation de gaz de schiste au Québec.
La Presse Affaires
20 novembre 2010
20 novembre 2010
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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