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2006 création du HUB (VIADEO) *21ème Siècle-'ECOLOGIE & INNOVATION': DEVELOPPEMENT DURABLE DU XXIe siècle!2.0* Think Tank International : + de 3000 membres. *Morgane BRAVO Avocat de formation, études & expérience Diplomatique, Sciences Politiques... « Euroblogeur »...2002 en France : Candidate (titulaire) aux élections Législatives, dans la 14ème Circonscription de Paris. 16e arrondissement (Sud). Fondatrice *Morgane BRAVO, from Paris, France. She's graduate Lawyer and have a Master’s degree in Diplomacy & Political Science...Diplomatic experience.

mercredi 21 octobre 2009

*Besançon, la ville durable toujours pionnière...*

***Etait-ce un signe ? Le 21 avril 1906, le premier parlementaire à faire entrer l'écologie dans la législation était un député de Besançon (Doubs). Elu d'extrême gauche, Charles Bauquier (1833-1916) avait défendu un texte protégeant "les sites pittoresques et les monuments naturels". Le département des Côtes-du-Nord, devenu depuis les Côtes-d'Armor, s'en était aussitôt saisi pour préserver l'île de Bréhat.

L'actuel maire socialiste, Jean-Louis Fousseret, préfère expliquer cette "inscription du développement durable dans le long cours" par le tempérament local. "En Franche-Comté, le climat est rude, dit-il. Les gens ont toujours eu conscience de la nécessité d'économiser les ressources. Ici, on sait l'importance de vivre en harmonie avec la nature." Si d'autres villes se sont converties tardivement à la protection de leur environnement, Besançon a le sentiment de n'avoir pas perdu de temps. "Mais c'est un combat de chaque instant et qui ne sera jamais fini", reconnaît le premier magistrat de cette cité d'abord connue avec Lip pour son passé horloger, puis pour sa reconversion dans les industries microtechniques.

Classée autrefois "première ville verte de France" par l'hebdomadaire Le Point pour ses collines et jardins - un label médiatique dont ses édiles se sont longtemps enorgueillis au-delà du raisonnable -, la capitale de la Franche-Comté n'a pas confondu pour autant paysage et environnement. "Ce serait réducteur...", concède M. Fousseret. En 1973, après le premier choc pétrolier, elle a ainsi créé un poste de responsable municipal de l'énergie avec mission de faire baisser la consommation de fioul dans les bâtiments et les transports publics. Certes, la motivation du maire de l'époque, Jean Minjoz, était plus économique qu'écologique, mais une dynamique était amorcée.

Lors de l'aménagement dans les années 1960 du quartier de Planoise (20 000 habitants en périphérie), l'un des plus grands réseaux de chauffage enterrés, long de 13 kilomètres, y fut installé. En 1974, la ville se révéla pionnière en matière de secteur piétonnier. C'est encore à Besançon que naquit Energie-cités, réseau de 1 000 villes de 30 pays européens, qui y conserve son siège. On pourrait multiplier les exemples de pratiques innovantes au fil des décennies, de la télégestion des chaufferies des salles municipales par Minitel aux mesures de la qualité de l'eau et de l'air, ou la mise en place d'un système de transports urbains classique qui, avec une moyenne de 180 trajets annuels par habitant, enregistre un des meilleurs taux nationaux de fréquentation.

Le dernier motif de satisfaction en date pour la ville, c'est la revente à EDF de 87 000 euros de certificats d'économie d'énergie obtenus grâce aux efforts réalisés sur le patrimoine urbain. Ce lien étroit que Besançon n'a cessé d'entretenir entre temps et environnement se retrouve dans l'activité du laboratoire de chrono-environnement de l'université de Franche-Comté et du CNRS.

Sur le campus de la Bouloie, plus de 200 personnels statutaires, doctorants et chercheurs venus de multiples horizons, associés au sein d'équipes pluridisciplinaires, traquent dans les millénaires passés les éléments qui leur permettront d'anticiper les évolutions du futur, notamment en matière de réchauffement climatique. "Il y a toujours eu à Besançon une tradition consistant à lier études sur l'environnement et sciences humaines, note son directeur, Hervé Richard. En 1965, le premier colloque sur la forêt y avait été organisé par des historiens de l'Antiquité."

Structuré autour de thématiques transversales pour cerner au mieux l'influence des actions de l'homme sur la nature au gré du temps, disséquant les conséquences des changements climatiques, de la pollution ou du stress sur les végétaux et donc sur la santé humaine, le laboratoire s'efforce d'établir des modèles prédictifs et d'inventer des problématiques nouvelles qui deviendront autant de sujets de thèses.

"Nous avons fait entrer une identité locale dans un laboratoire de recherche", se félicite M. Richard, qui espère pouvoir regrouper sur le campus et dans des bâtiments rénovés ses équipes, dispersées sur cinq sites différents à Besançon, plus une antenne à Montbéliard. Et y rapatrier, plus tard, le Jardin botanique, implanté depuis un demi-siècle sur un site inadapté, près de la gare, et qui pourrait devenir un outil privilégié de mise en valeur des actions sur la biodiversité, à condition qu'on lui en fournisse les moyens. En attendant, l'université a entrepris de faire profiter le grand public de ces connaissances. Grâce, surtout, aux Jeudis de l'environnement, un cycle de conférences et de débats organisé par Anne Vignot, ingénieur d'études au CNRS.

Ce choix de sensibiliser la population, de manière concrète, aux défis énergétiques de demain et de faire de chaque citoyen un "ambassadeur de proximité" de la cause environnementale pour en démultiplier les effets, est partagé par la municipalité. A cette fin, un appartement témoin a été aménagé, où des bénévoles, des retraités, des associations d'insertion apprennent aux habitants à être "écologiquement responsables" en matière de chauffage, de tri des déchets, de consommation d'eau, etc.

Autre initiative "pédagogique", 240 familles volontaires, à l'échelle de l'agglomération, vont bénéficier de formations pour améliorer leurs pratiques d'achats, modes de déplacement, habitudes domestiques.

"Ce que nous demandons à ces familles, que nous désirons les plus diverses possible, c'est de résider depuis un an au moins dans leur logement et de s'engager dans notre démarche pour une durée identique, précise Myriam Normand, directrice du service de la maîtrise de l'énergie. Outre l'observation de leurs comportements liés à l'environnement, leur habitat fera l'objet d'un diagnostic énergétique par un expert. Si elles ont un projet d'isolation, nous pourrons les aider à le réaliser. Avec pour objectif qu'elles en parlent autour d'elles".

Le succès rencontré par Vélocité, dispositif de vélos en libre-service inauguré en 2007 et qui a passé le cap des 500 000 locations pour 400 000 kilomètres parcourus, témoigne de l'envie de nombre d'usagers bisontins de limiter les nuisances. Au printemps 2010, un système d'autopartage complétera l'offre, suivi en 2014 d'un tramway, si ce projet de transport en site propre survit à la contestation du préfet dont il vient de faire l'objet. Associés à ces politiques municipales depuis 2001, les Verts restent toutefois critiques. "Les chaufferies bois ou les capteurs solaires, cela va dans le bons sens et la Ville a pris conscience de ces problèmes, admet leur porte-parole, Eric Alauzet. Mais beaucoup de bâtiments publics restent des passoires thermiques, l'accompagnement des propriétaires du secteur privé est insuffisant, il faut passer à la vitesse supérieure."

Jean-Pierre Tenoux
Le Monde
21.10.09

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