***Les associations écologistes ont jugé décevante, vendredi 30 octobre, la position de l'Union européenne en vue du sommet mondial de Copenhague sur le climat. Les 27 se sont mis d'accord pour endosser l'objectif financier de 100 milliards d'euros par an aux pays émergents pour faire face au réchauffement climatique. Dans cette somme, de 22 à 50 milliards d'euros devraient provenir de financements publics. Les dirigeants des Etats-membres n'ont, en revanche, pas voulu chiffrer la contribution de l'UE.
"On peut se féliciter que les chefs d'Etat se réunissent pour parler des questions d'environnement", remarque Karine Gavand, chargée de campagne climat chez Greenpeace. "Malheureusement, l'Union européenne n'a pas défini sa contribution, ce faisant elle a échoué à joindre le geste à la parole."
"On reporte les décisions de conseils des ministres des finances en sommets européens depuis des mois. C'est la dernière ligne droite avant le sommet de Copenhague, c'est maintenant qu'il fallait afficher son ambition. L'Europe rate la dernière marche, poursuit-elle. Il semble que la stratégie de l'Europe soit d'attendre les dernières heures de Copenhague pour mettre de l'argent sur la table." Pour Isabelle Pace, chargée de campagne changement climatique chez Oxfam, "ils ont l'air d'attendre un chiffre de la part des Etats-Unis".
Pour Elise Buckle, responsable énergie et climat chez WWF, c'est aussi "un tableau en demi-teinte". Elle note toutefois plusieurs avancées positives, dont l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20 % d'ici à 2020, et de 30 % si un accord international ambitieux est trouvé. "Le Conseil européen a réaffirmé que les exigences du protocole de Kyoto de 1997 resteraient juridiquement contraignantes", ajoute-t-elle.
"VOUS CONNAISSEZ UN CHINOIS QUI VEUT PAYER POUR COPENHAGUE ?"
"L'UE est toujours prompte à formuler ses exigences par rapport au reste du monde, mais dès qu'il s'agit pour elle de concrétiser le financement d'une politique de lutte pour la protection du climat, elle fait marche arrière", déplorent les deux coprésidents des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit et Rebecca Harms.
"Aucun pays ne veut payer pour Copenhague", a asséné le ministre polonais chargé des affaires européennes, Mikolaj Dowgielewicz. "Vous connaissez un Chinois qui veut payer pour Copenhague ? Il n'y a que l'UE qui veut payer", a-t-il dit. "Nous ne devons pas sombrer dans la naïveté. Ce que nous faisons n'est pas un chèque en blanc. Nous n'agirons que si en face il y a des engagements", a pourtant assuré M. Barroso.
Ce refus de donner des chiffres masque de profondes divisions sur le partage de la facture de l'aide aux pays pauvres entre pays de l'est de l'Europe et ceux de l'ouest. Les premiers refusent que les niveaux d'émissions de CO2 soient le critère de répartition principal, car ils polluent davantage, et demandent que la richesse compte en priorité. Les pays européens sont parvenus à trouver un compromis pour faire en sorte que les pays d'Europe de l'Est, réticents à payer, aient la possibilité de moins contribuer à l'effort au sein de l'UE que les pays plus riches à l'Ouest. Ou d'obtenir des compensations. La résolution détaillée du problème a été renvoyée à plus tard.
Amandine Schmitt
LE MONDE
30.10.09
Le Monde
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