dimanche 22 novembre 2009
***Comment appréhendez-vous le sommet de Copenhague qui se tient du 7 au 18 décembre ?...***
***A quelques jours du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, qui a pour but de signer un traité qui prenne le relais du protocole de Kyoto, Europe Ecologie a invité, samedi 21 novembre, les autres partis politiques à débattre de la question. Les partis de gauche ont refusé l'invitation.
Ce n'est pas très bien engagé. La position européenne est une position attentiste : l'Union européenne a proposé de réduire de 20 % ses émissions de CO2 d'ici à 2020 [par rapport à 1990] et d'aller jusqu'à 30 % si d'autres Etats vont dans la même direction. De plus, l'Europe n'a pas chiffré la somme qu'elle propose pour aider les pays les plus pauvres à faire face au dérèglement climatique. De leur côté, les Américains ne sont pas prêts. Bref, on est dans une positions très difficile.
Quels sont les principaux points de blocage, selon vous ?
Il faut aller plus loin que ce que l'Europe ou les Etats ne sont pour l'instant prêts à aller : au moins 30 % de réduction des émissions de CO2 d'ici à 2020 et proposer la somme nécessaire pour aider les pays pauvres. En un mot, s'engager. Aujourd'hui, les Etats jouent une partie de poker menteur : "j'irai si toi tu y vas"... Personne ne sait exactement ce que va faire l'autre et on joue là-dessus. Notre rôle, et c'est le but de la réunion à l'Assemblée nationale, c'est d'essayer de clarifier les choses. Il faut pousser les Etats et l'UE à avancer.
Que pensez-vous du projet "justice climat" proposé par la France ?
Il n'y a rien de nouveau dans ce que dit Nicolas Sarkozy. La France doit adopter une position qui fasse évoluer la proposition européenne pour faire monter les enchères. Si l'Europe veut être à la pointe et forcer la main aux autres pays, il faut qu'elle s'engage. Et justement Nicolas Sarkozy et Angela Merkel [la chancelière allemande] ne s'engagent pas clairement.
Comment jugez-vous la position du président Obama ?
Le problème d'Obama est qu'il veut faire adopter sa loi sur la santé en priorité. La loi sur le climat ne sera débattue qu'après. Du coup, la position des Etats-Unis est également attentiste. Il faut que les Européens saisissent cette occasion de pousser les Américains à s'engager sur un accord politique à Copenhague pour qu'un traité international puisse être signé à Mexico [de nouvelles discussions sont déjà prévues à Bonn à la mi-2010 et à Mexico en décembre suivant]. Une position européenne à la pointe du combat poussera les Américains à s'aligner sur une proposition qui va plus loin que ce qu'entrevoient les Américains aujourd'hui.
La conférence de Copenhague arrive-t-elle trop tôt dans le calendrier américain ?
Ce n'est pas un problème de timing mais d'ambition. La conférence de Copenhague sera le tremplin d'un agenda de négociations qui passera par Bonn avant de s'achever au Mexique en décembre. La hauteur que les Etats atteindront dépendra de la force qu'ils mettront en partant du tremplin. C'est ça qui se joue à Copenhague. Copenhague nous donnera la dimension du possible. Un traité qui serait rejeté par le Congrès américain ne servirait à rien. C'est intelligent de partir d'une déclaration politique qui soit ambitieuse et qui permette que ce traité soit signé en 2010. Ce n'est pas six mois de différence qui sont le problème. Le problème aujourd'hui, c'est d'arriver à un traité contraignant et conséquent à Mexico.
Vous débattrez pour la première fois avec François Bayrou depuis une vive altercation en juin. L'écologie permet-elle de dépasser les conflits passés ?
C'est le premier débat qui a lieu : on a invité tous les partis politiques à venir débattre et François Bayrou a répondu positivement à l'invitation. Nous discuterons ensemble à une table ronde des politiques. Ce n'est pas un problème personnel entre François Bayrou et moi : il y aura des représentants de l'UMP, Michel Rocard (PS), une députée communiste... Je crois que l'urgence écologiste nous oblige à débattre ensemble. Après, on verra les points sur lesquels on est d'accord ou non mais il faut que l'opinion publique puisse comprendre les tenants et les aboutissants de notre débat.
Le PS et les partis d'extrême gauche ont refusé de venir débattre. Qu'en pensez-vous ?
Si le PS veut être absent des grands débats sur l'urgence climatique, c'est son problème. Les électeurs jugeront. Le PS et le PCF sont caricaturaux en disant 'On ne discute pas avec la droite'. Ce n'est pas 'discuter avec la droite' mais essayer de trouver une position commune qui fasse avancer la position française, qui elle-même fera avancer la position européenne afin qu'il y ait quelque chose de positif à Copenhague. C'est l'intérêt commun qui nous pousse à faire ce genre de débat. Si les socialistes ne le comprennent pas, personne ne pourra les aider.
Propos recueillis par Raphaëlle Besse Desmoulières
LE MONDE
21.11.09
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