***Distribution de bons points et échanges d'expériences : le ministère de l'écologie récompensait les bons élèves de l'urbanisme "vert", mercredi 4 novembre, à Paris, à l'occasion de la première Conférence nationale sur la ville durable. Le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, et son secrétaire d'Etat chargé de l'urbanisme, Benoist Apparu, devaient y dévoiler les lauréats de l'appel à projets écoquartiers - au premier rang desquels la caserne De Bonne à Grenoble, Grand Prix national - et de la "démarche écocité". Deux vitrines attendues du plan ville durable lancé par M. Borloo en octobre 2008.
Ce plan devait également faire l'objet d'une communication en conseil des ministres, mercredi, pour mieux souligner l'importance accordée par le gouvernement à la question de la mutation des villes. Ce déploiement a aussi pour but de faire oublier le retard français en la matière, alors que l'Allemagne et les pays scandinaves ont mis en chantier leurs premiers écoquartiers il y a déjà vingt ans.
Qui veut parler d'écoquartiers cite Vauban à Fribourg (Allemagne), Hammarby-Sjöstad à Stockholm ou Bo01 à Malmö (Suède). Jamais la France. Selon Jean-Louis Borloo, il s'agit de "réparer une forme d'injustice" : "L'attention se focalise depuis plusieurs années sur les expériences menées en Europe du Nord. Mais on connaît mal ou trop peu les centaines d'expérimentations menées en France", devait déclarer le ministre.
Pas moins de 160 projets d'écoquartiers - pour beaucoup encore à l'état d'esquisses - ont répondu à l'appel du ministère, qui en a été le premier surpris. "On s'attendait à une quarantaine de candidatures", reconnaît-on dans l'entourage de Benoist Apparu. Signe d'un réveil français, alors que la généralisation des écoquartiers figure parmi les engagements du Grenelle de l'environnement ? Sans doute, mais un réveil encore balbutiant. "Seuls neuf projets étaient assez avancés et réunissaient l'ensemble des qualités pour prétendre au Grand prix", indique-t-on au cabinet du secrétaire d'Etat.
Multipliant les catégories - projets ruraux, projets d'avenir, eau, déchets, énergie, densité, mobilité... -, le ministère a décerné, en plus du Grand prix national, un total de vingt-sept récompenses. "Une aberration", pour Catherine Charlot-Valdieu, présidente du Réseau européen pour un développement urbain durable : "Découper les objectifs en tranches, sans même fixer de seuil minimal pour les autres indicateurs, c'est nier le caractère obligatoirement transversal de toute démarche de développement durable."
Une critique qui fait d'autant plus mouche que seules les questions liées à l'environnement étaient prises en compte, et non les aspects économiques et sociaux, autres piliers du développement durable. "Un écoquartier ne doit être ni un lotissement de maisons passives ni une enclave pour bobos, juge Catherine Charlot-Valdieu. Il doit s'intégrer dans une stratégie de développement et d'attractivité à l'échelle de la ville."
Reste qu'aucune définition officielle ni grille d'évaluation n'encadrent l'appellation. A cet égard, le ministère de l'écologie devait annoncer, mercredi, la création d'un club d'échanges et de formation réunissant les villes lauréates et les services de l'Etat pour aboutir, en deux ans, à l'adoption de ces références qui permettraient au ministère de décerner un label écoquartier, à défaut de subventions.
Il y a de l'argent à la clé, en revanche, pour la démarche écocités, destinée à "inventer" la métropole durable du XXIe siècle en accompagnant le développement urbain de grandes agglomérations. Critères : compter plus de 100 000 habitants et prévoir de s'accroître d'au moins 30 % d'ici vingt-cinq ans. Bref, "assurer une croissance soutenue tout en l'organisant de façon soutenable".
Sur dix-neuf candidatures, treize ont été retenues, parmi lesquelles celles de Nantes-Saint-Nazaire, Bordeaux, Marseille, Strasbourg-Kehl et Plaine-Commune (Seine-Saint-Denis). Recalé, en revanche, le projet de Neuilly-sur-Seine de faire passer l'enfouissement de la RN13, cher à la famille Sarkozy, pour une démarche d'écocité : "Pas à l'échelle", a tranché le jury.
Après une phase de concertation, ces projets devraient aboutir, début 2011, à des contrats entre les collectivités et l'Etat, afin de limiter leur impact sur la fiscalité locale. Le ministère de l'écologie pourrait ainsi financer des études d'ingénierie à hauteur de 15 millions d'euros sur trois ans et créer des prêts bonifiés pour la mise en oeuvre opérationnelle. Durant les dix-huit mois qui viennent, ces dispositifs devraient faire l'objet d'intenses négociations.
Grégoire Allix
LE MONDE
05.11.09
vendredi 6 novembre 2009
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