samedi 27 mars 2010
*Le développement des éoliennes sur la sellette...*
***Un rapport parlementaire dénonce de « dispendieux effets d'aubaine » et propose de durcir la législation.
Très attendu, le rapport d'information parlementaire sur l'énergie éolienne piloté par Patrick Ollier, le président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée, risque de provoquer de sérieux remous. L'une des dernières versions du texte, que Le Figaro s'est procurée, se montre plutôt à charge. Au point que Philippe Plisson (PS Gironde), corapporteur du texte avec Franck Reinier (UMP Drôme), a annoncé sa démission il y a quelques jours.
«Il est nécessaire d'évaluer, à intervalles réguliers, à quels coûts et pour quels avantages sont accordées les aides (au développement des énergies renouvelables) sur fonds publics ou encore supportées par le consommateur final», souligne le document dans son introduction, pointant du doigt l'idée qu'il y aurait de «dispendieux effets d'au baine».
Depuis dix ans, le marché de l'éolien a augmenté de 25 % par an dans le monde. La France occupe la 7e place en puissance cumulée (4,5 gigawatts) loin derrière l'Allemagne (25,8 GW) mais devant la Grande-Bretagne (4 GW). Selon le document, ces installations se font au prix «d'importants surcoûts», notamment pour la valorisation de la tonne de CO2 évitée : «entre 230 et 240 euros la tonne, contre 2 euros pour l'isolation thermique».
Reprenant des travaux de la commission de régulation de l'énergie (CRE), qui évoque un taux de rentabilité variant entre 9,7 et 13,5 % pour un parc fonctionnant 2 200 heures par an au maximum, les députés soulignent que «l'éolien est à l'évidence une bonne affaire». Et cela en dépit du fait que le tarif de rachat de l'électricité éolienne en France est l'un des plus bas d'Europe. Pour sa part, le centre d'analyse stratégique estime que l'éolien peut contribuer de façon positive à la production d'électricité, compte tenu de la hausse plus que probable, à terme, du prix des énergies fossiles.
C'est aussi sur les questions paysagères que se concentrent les critiques : «Aujourd'hui, l'apport de ce que d'aucuns appellent un progrès technique ne peut plus tout justifier.» Certes, les parlementaires soulignent la part «passionnelle» des débats et les questions «de rivalités locales» tout comme les effets d'un phénomène bien connu : «not in my backyard». Autrement dit, j'adhère à l'éolien mais hors de ma vue, «pas dans mon jardin» ! En même temps, ils développent abondamment des reproches, notamment formulés par Valéry Giscard d'Estaing, sur le «mitage» du territoire.
Des remarques qui, selon les auteurs du rapport, sont autant de raisons pour rendre encore plus contraignante la législation. Non seulement les parlementaires reprennent l'idée que les éoliennes doivent être soumises aux normes ICPE (destinées aux installations industrielles classées), mais ils suggèrent également une taille minimale des parcs, entre 15 et 20 mégawatts. Ils demandent que les schémas régionaux éoliens soient «opposables» et rappellent la nécessité d'une garantie de démantèlement (décret attendu depuis des mois) et d'une distance minimale de 500 mètres entre éoliennes et habitations.
Si le secteur professionnel reconnaît le bien-fondé de certains points (démantèlement, distances), il dénonce la volonté de faire des grosses fermes «bien évidemment beaucoup plus difficiles à envisager que des petites». Les installateurs contestent également l'opposabilité des schémas régionaux, alors même que ces derniers, de qualité très variable, ne répondent à aucun cahier des charges.
Mais, surtout, ils sont très inquiets du fait que le rapport n'évoque quasiment pas la question de l'emploi. À l'heure où l'industrie connaît de graves difficultés, les professionnels sont persuadés qu'il existe un immense potentiel notamment en reconversion pour les secteurs de la fonderie, de l'aéronautique ou de la métallurgie. Pour André Antolini, le président du Syndicat des énergies renouvelables, l'exemple du Portugal, qui a su créer des milliers d'emplois en quelques années, est à suivre. Des contacts ont été établis avec près de 150 entreprises du territoire. «Elles sont prêtes et ont le savoir-faire nécessaire, déclare André Antolini. Mais même s'il y a des promesses à l'export, il faut qu'il y ait un marché intérieur. Il y a 50 000 emplois à la clé !»
Le rapport sera officiellement présenté mercredi, quasiment en même temps que les amendements destinés à l'article de loi sur l'éolien dans la discussion de la loi Grenelle 2. La France s'est engagée à ce que l'éolien représente 10 % de sa production d'électricité d'ici à 2020, soit 6 000 nouvelles machines sur le territoire. Aujourd'hui, on est à peine à 2 %.
Marielle Court
Le Figaro
26/03/2010
***A SUIVRE...!
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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