dimanche 13 décembre 2009
***Les ONG pèsent sur les négociations climatiques...***
***A la différence des négociations de l'OMC, les organisations non gouvernementale sont présentes dans l'enceinte de la conférence de Copenhague.
Le chiffre parle de lui-même. Sur près de 35 000 accréditations pour la conférence sur le climat de Copenhague, 21 000 ont été accordées à des ONG (organisations non gouvernementales). Un monde où les très grosses structures ultraprofessionnelles côtoient des associatifs militants de la première heure, où les écolos purs et durs font face à des lobbyistes du monde de l'entreprise… Dans le jargon local, on parle aussi des «youngos», des «bingos» et des «ringos», désignant respectivement les jeunes, le business et la recherche.
Un monde incroyablement hétérogène que Peter Goldmark, le directeur du programme climat d'EDF (Environmental Defense Fund), l'une des plus grosses organisations américaines (500 000 adhérents, un budget de 100 millions $), décrit de la façon suivante : «Il y a deux sortes d'ONG : les phoques et les abeilles. Les premiers font beaucoup de bruit, s'agitent, se font voir, les secondes transportent et récoltent des informations de toutes les fleurs qu'elles butinent.» EDF, qui milite notamment avec beaucoup d'efficacité pour la construction d'un marché du carbone outre-Atlantique, se range dans la deuxième catégorie et se fait fort d'être souvent mieux informée que les délégués. Mais des dizaines d'autres opèrent surtout dans la première.
Les plus activistes rivalisent d'imagination. Devant le Bella Center de Copenhague, des militants s'époumonent déguisés en kangourou pour pointer les ravages de la sécheresse en Australie. Là, un homme évolue dans un immense bocal à poissons, montrant ce que seront les îles des Maldives dans quelques années. «Les deux formes d'actions sont très utiles», assure Peter Goldmark.
L'originalité des conférences climatiques par rapport aux grandes négociations comme celles de l'OMC tient dans le fait que les ONG se trouvent depuis le tout premier jour dans l'enceinte de la conférence, et non à l'extérieur. «En matière climatique, les ONG ont été les premières à croire ce que disaient les scientifiques et donc à servir de relais avec l'opinion publique et les politiques», explique Pierre Radanne, un des experts français qui a débuté à Rio en 1992. «Surtout, l'organisation des Nations unies leur a ouvert les portes», ajoute-t-il, ce qui a permis d'accroître la transparence et d'assurer un contrepoids.
Le prix du «fossile du jour»
Sans être présents dans les salles où se déroulent les négociations, les ONG exercent une influence réelle. Cela va des pays qui sont quotidiennement mis au pilori en remportant le prix du «fossile du jour», aux fuites qu'elles savent parfaitement orchestrer. Dans un cas, les cancres du climat s'obligent souvent à apporter une explication en séance plénière. Dans l'autre, ils subissent : ce fut le cas la semaine dernière d'un projet d'accord préparé par le Danemark, dont la publication par un journal anglais a aussitôt entraîné la caducité.
Mais, aujourd'hui, toutes ces ONG - regroupées dans une fédération internationale appelée CAN (Climate Action Network) - se trouvent bousculées. Les ONG portant des revendications sociales ont bien compris que Copenhague était aussi leur terrain. «Au sein du RAC (Réseau Action Climat, branche française du CAN), nous avons récemment admis trois associations travaillant sur la solidarité internationale», reconnaît Morgane Créach, directrice du pôle international du mouvement. Pour la première fois dans une conférence sur le climat, les altermondialistes, regroupés au sein de Justice Climate Action, ont également installé leur campement. Ils sont à l'extérieur du Bella Center et le revendiquent : «Les ONG qui sont dans la conférence soutiennent les fausses solutions qui sont proposées», commente une de leur porte-parole. L'idée même que le marché carbone puisse être un outil constitue une des principales lignes de fracture.
Samedi, toutes les ONG appellent à une grande manifestation dans Copenhague. Mercredi prochain, en revanche, seuls les altermondialistes défileront. Ils menacent d'interrompre les négociations.
Envoyée spéciale à Copenhague, Marielle Court
Le Figaro
12/12/2009
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