jeudi 17 décembre 2009
*Nicolas Sarkozy, conteur de ses succès diplomatiques...*
***Nicolas Sarkozy, conteur de ses succès diplomatiques, par Arnaud Leparmentier :
L'image a été soigneusement préparée. Nicolas Sarkozy devait s'afficher en arrivant, jeudi 17 décembre, à Copenhague en compagnie de son homologue brésilien Lula et du premier ministre éthiopien Meles Zenawi, représentant des Africains. L'alliance d'un pays industrialisé, d'une puissance émergente et d'un continent pauvre, voilà le triptyque magique pour sceller un accord. A n'en pas douter, le président français aura été un artisan du sauvetage de la planète. En cas d'échec, les coupables sont désignés : les deux champions de la pollution, la Chine et les Etats-Unis. Quoi qu'il arrive, M. Sarkozy veut ajouter le combat pour l'environnement à son épopée déjà riche.
Ecoutons le conter ses succès internationaux, comme il le fit à Nîmes, en mai : "Si la Géorgie n'a pas été rayée de la carte, si un cessez-le-feu a pu intervenir à Gaza, si l'Europe n'a pas cédé au sauve-qui-peut et au chacun-pour-soi quand le système bancaire a menacé de s'effondrer, c'est que la France, lorsqu'elle exerçait la présidence de l'Union européenne (UE), a pris ses responsabilités pour permettre à l'Europe d'agir", avait-il expliqué, avant de s'attribuer les mérites de la moralisation du capitalisme : "Si le G20 s'est réuni à Washington puis à Londres, c'est parce que la France l'a demandé."
M. Sarkozy s'efforce d'imposer sa lecture de l'histoire, fort de ses mérites et grâce à son art de la communication. D'abord, il est extrêmement réactif. Dans la torpeur de l'été 2008, il s'est plongé dans la résolution de la guerre russo-géorgienne. Il a compris très tôt la gravité de la crise financière. Il s'est envolé pour le Proche-Orient dès qu'Israël a lancé son offensive contre Gaza, fin 2008.
Cette vivacité lui permet de prendre la main, tout en veillant à ne pas mener des combats perdus. Car l'ancien avocat vole sinon au secours de la victoire, du moins songe toujours au compromis qu'il faudra négocier. Il a retardé d'un jour son déplacement à Moscou, sur les conseils du président russe Dmitri Medvedev qui n'avait pas achevé son offensive sur le terrain. In fine, Moscou a accepté un compromis compatible avec son objectif, reprendre pied au sud du Caucase. A Gaza, au contraire, M. Sarkozy a méconnu cette règle de prudence, croyant que son amitié avec les dirigeants israéliens suffirait à les influencer. Tsahal n'en était qu'au début de son offensive. Mort-née, la tournée diplomatique française n'a pas conduit au cessez-le-feu espéré.
Ces griefs nuisent peu au président français, car nul ne s'est targué de pouvoir faire mieux. Les Américains étaient aux abonnés absents en Géorgie, soucieux d'éviter un choc frontal avec Moscou, et M. Sarkozy a évité un déchirement de l'Europe. De même, il a eu le courage de tenter une médiation dans l'inextricable conflit israélo-palestinien. Enfin, les G20 ont permis aux Européens d'imposer une transparence inespérée à leurs petits voisins (Suisse, Liechtenstein, Monaco, Gibraltar, etc.).
Le savoir-faire ne serait rien sans le faire-savoir. M. Sarkozy a compris que celui qui maîtrisait l'information était celui qui la donnait. De retour des grandes négociations, il distille ses confidences aux journalistes conviés dans son avion. Sans mentir, mais en mettant en scène une histoire dont il tient le rôle principal, sans oublier, il est vrai, l'Europe. Le récit est crédible, car le président français veille à semer des graines qui, si elles prospèrent, lui donneront une cohérence.
L'histoire du G20 débute en septembre 2008 avec la demande à l'ONU d'une réunion des dirigeants de la planète, et s'achève, pour l'heure, avec la taxation franco-britannique des bonus des traders. La saga de Copenhague s'incarne dans les déplacements à Manaus, au coeur de l'Amazonie et à Trinité-et-Tobago, au sommet du Commonwealth. Mais chaque pays a son histoire : à lire la presse internationale, le G20 décida surtout des plans de relance tandis que les dirigeants britannique, australien, mexicain sont autant de "héros" de Copenhague.
Peu importe, M. Sarkozy s'adresse aux électeurs français. Il n'hésite pas à reprendre les idées des autres et à s'en attribuer les mérites. Le plan de sauvetage des banques de l'automne 2008 était celui du premier ministre britannique Gordon Brown. Mais M. Sarkozy l'a imposé, s'y prenant à deux reprises, notamment pour convaincre Angela Merkel. A l'inverse, la chancelière allemande "vend" peu ses initiatives. Elle fut à la manoeuvre sur le climat, le traité de Lisbonne, l'élargissement du G8 aux puissances émergentes, mais à écouter M. Sarkozy, c'est lui qui est à l'origine de ces avancées, en réalité collectives.
Restent les initiatives qui échouent. La manoeuvre diplomatique qui devait conduire, après les émeutes au Tibet, à une quasi-réconciliation des Chinois avec le dalaï-lama aux Jeux olympiques de Pékin à l'été 2008, s'est transformée en fiasco pour la France en Chine. L'Union pour la Méditerranée lancée en grande pompe en juillet 2008 est dans le coma depuis la guerre à Gaza ; le sommet des chefs d'Etat souhaité par M. Sarkozy avant Copenhague n'a jamais eu lieu. Peu importe. Pour les conseillers de M. Sarkozy, "une information chasse l'autre". Sauf les mythes que M. Sarkozy veille à cultiver.
Arnaud Leparmentier (Service France)
Le Monde
18.12.09
***En effet, "à lire la presse internationale, le G20 décida surtout des plans de relance tandis que les dirigeants britannique, australien, mexicain sont autant de "héros" de Copenhague"...
http://mexicoworldwide.blogspot.com/2009/12/conferencia-de-las-naciones-unidas.html
A SUIVRE...!
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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